C’est en effet en février 1938 que Paul RABOUTET créé la Société des Amis du Vieux Blaye (S.A.V.B), avec comme objectifs : la défense, la restauration et la mise en valeur de la citadelle mais également la connaissance de l’histoire de Blaye et du Blayais (pose de plaques, animations dans la citadelle, festival de théâtre, expositions, conférences, etc.).
Ce 80ème anniversaire a été célébré à l’occasion de la sortie bisannuelle de notre association, le dimanche 2 septembre 1918.
A travers un article richement illustré, nous souhaitons vous faire vivre ou revivre cette journée particulière qui, de l’avis général, fut une totale réussite.
C’est par un beau soleil automnal et une superbe vue sur l’estuaire qu’a débuté cette journée.
En effet, rendez-vous avait été donné à 9h00, à la terrasse de l’hôtel de la Citadelle où un café-croissant permettait d’agrémenter les retrouvailles.
Pour commencer la journée, le général (2s) Daniel THOMAS prend la parole et rappelle en quelques mots le contexte politico-militaire dans lequel le verrou de l’estuaire avait été imaginé et décrit par le commissaire général des fortifications du royaume, VAUBAN, emportant ainsi la décision du ministre de la guerre qui donna l’ordre de construction à François FERRY, ingénieur du Roi et directeur des fortifications de la façade atlantique, depuis la Loire jusqu’à la frontière espagnole.
L’objectif de cette prise de parole était également de préciser que le verrou n’était pas destiné à protéger Bordeaux, comme cela est encore trop souvent avancé par les dépliants touristiques, mais de contrôler la navigation sur l’estuaire, dans un sens comme dans l’autre pour l’interrompre si besoin s’en faisait sentir. D’ailleurs les riches commerçants bordelais le comprendront rapidement puisqu’ils ne songeront plus à se révolter contre l’autorité royale, dès lors que le verrou est opérationnel, vers 1695. L’importance militaire de cet étonnant triptyque de fortifications, dont la citadelle de Blaye constitue l’élément majeur, atteindra son apogée au XVIIe siècle, déclinera tout au long du XIXe pour disparaître totalement dès le début du XXe.
A l’issue de cette intervention, les quelques 70 participants se dirigeaient vers le couvent des Minimes, situé à quelques mètres de l’hôtel de la Citadelle, pour écouter un court exposé d’Olivier CARO sur l’histoire de ce bâtiment multiséculaire. Au cours de son intervention, le Président rappelle les circonstances dans lesquelles ce couvent a été érigé en 1607 sur ordre de Jean-Paul d’ESPARBES de LUSSAN, gouverneur de Blaye, et de François d’ESCOUBLEAU de SOURDIS, cardinal, archevêque de Bordeaux. Il souligne les vicissitudes de l’histoire, notamment durant la période révolutionnaire puis conclu en faisant découvrir à ceux qui ne les connaissaient pas encore, les peintures effectuées par les des Pères Minimes, seuls vestiges de leur passage et parfaitement restaurées.
Toujours dans la citadelle, c’est devant le Musée d’Archéologie, sis au bâtiment de la Manutention que tout le monde se retrouve pour admirer les superbes poteries traditionnelles en grés du XVIIe au début du XXe siècle. La présentation est faite par Marie-Ange LANDAIS, membre du Conseil d’Administration de notre association et Présidente de la société archéologique OS.
L’étape suivante avait pour but l’église de Fours, à quelques kilomètres de Blaye en direction d’Étauliers.
Accueillis par le maire de la localité, Monsieur Georges PASTOR, nous avons pu admirer cet édifice datant du XIIe siècle. Il s’agit d’une bâtisse simple et austère, comme on les construisait alors, auquel est adossé le cimetière de la paroisse.
Pour faire revivre une partie du passé de cette bourgade, le Maire a fait participer deux de ses concitoyens pour nous conter, l’un, le jour de la St Blaise, fête très célébrée à Fours au siècle dernier, l’autre, l’histoire de la cloche de l’église, restaurée sous la mandature de l’actuel maire.
C’est à quelques kilomètres de Fours, sur la route de Saint Malo (RD 137), que se situe le château viticole Les Chaumes, où nous serons reçus par la propriétaire madame PARMENTIER.
Après avoir visionné un montage très instructif sur les principales forêts françaises de chênes et la fabrication des barriques, tout le monde s’est retrouvé dans le chai de la propriété pour prendre un apéritif bien mérité.
Il était alors temps de se sustenter !
Pour cela, retour dans la citadelle où le couvert avait été dressé au restaurant "Le petit canon" décoré pour l’occasion de tableaux et de photographies avec, entre autres, un portrait de Paul RABOUTET (1902-1968) provenant de la collection de la SAVB.
Déjeuner sympathique dans une ambiance conviviale durant lequel chacun put apprécier un menu local servi avec beaucoup de dynamisme par une équipe jeune et motivée. Au cours du repas, lecture fut faite par Jean-Clément HERNANDEZ, vice-Président de la SAVB, d’une lettre rédigée par Monsieur Christian CAZAUVIEILH, dont l’épouse, fille de notre fondateur, est récemment décédée.
Il était 15h30, lorsque la caravane motorisée arrivait à la prochaine étape : la maison Forte du Boisset.
C’est à partir des années 1170-1180 que les textes signalent des édifices qualifiés de "maisons Fortes" ou "maisons fortifiées". Ce phénomène se poursuit largement dans la première moitié du XIIIe siècle et prend fin au début des années 1500. Les maisons fortes ne sont pas des châteaux, mais sont davantage qu’une simple résidence : elles prennent généralement l’aspect d’une maison solide avec tours, mais peuvent aussi être un simple assemblage de corps de bâtiments, parfois assez hétérogènes. Situées aux abords des bourgs, le long de routes principales ou à la frontière du grand domaine seigneurial, elles appartenaient à des cadets, à des parents ou à des alliés de la famille du seigneur.
Par définition, résidences de l’aristocratie, elles avaient pour buts d’affirmer l’autorité du seigneur, de faciliter le prélèvement de l’impôt sur les marchandises en transit et participaient bien évidemment à la défense générale du domaine, par un système de "guet alerte" relativement élaboré. Ainsi, la dynastie des Rudel, vicomtes de Blaye du XXe au XIVe siècle, avaient mis en place un réseau [1]
de maisons fortes, dont il ne reste aujourd’hui que deux exemplaires, Le Prat, près de Générac, et Boisset, située sur la commune de Berson, près du carrefour de Bel Air. Les BRUN de GADEAU et leurs descendants, les GOURDON de GENOUILLAC [2] furent propriétaires de la maison forte du Boisset pendant 178 ans, suivis par le duc de saint SIMON, gouverneur de Blaye, pendant 13 ans.
Ce sont les nouveaux propriétaires, Madame et Monsieur DUBOIS, tombés amoureux de cette vénérable bâtisse, qui ont fourni toutes les explications permettant de comprendre son évolution dans le temps et, par conséquent, son architecture actuelle. Chacun a pu apprécier les connaissances approfondies de notre guide et la passion qui l’anime.
Après cette superbe visite, tout le monde se retrouvait à quelques kilomètres de là, à Saint Paul, pour la découverte d’une autre demeure d’exception : une chartreuse du XVIIIe siècle, devenue presbytère aux XIXe et XXe.
C’est dans ce bâtiment magnifiquement rénové par la municipalité de Saint Paul, que vont venir s’installer les services administratifs de la ville. Il convient de souligner combien cette décision est pertinente car elle permet de sauvegarder définitivement cette belle bâtisse ainsi que son mobilier d’une exceptionnelle qualité.
A 18h30, la caravane des participants venait se garer à Générac où nous avons été reçus par Hervé CLUZEAU premier adjoint au Maire. L’objectif de la visite était l’église construite au XIIe siècle.
Parfaitement restaurée et entretenue, cette vénérable église, nous a été présentée par Madame Micheline BRAUD, très impliquée dans la vie paroissiale. Jean FERCHAUD, ancien président de notre association, a rappelé l’histoire de l’édifice en insistant notamment sur l’une de ses particularités inscrite dans la pierre.
Les jambes commençaient à se faire lourdes lorsque, vers les 19h30, les "survivants" arrivaient au Château Mallard, construit au XVIIIe siècle...
Heureusement, l’accueil chaleureux des propriétaires de cette belle demeure traditionnelle, Madame et Monsieur ESTEPHE, permettait à tous d’apprécier les charmes de la campagne blayaise. Il convient de souligner que cette propriété a appartenu aux avocats de FONTE au XVIIIe siècle et que la famille ESTEPHE la possède depuis plus de 100 ans.
Enfin, un coquetèle particulièrement savoureux, permettait de clore cette superbe journée qui d’un avis unanime a été une totale réussite
[1] Une observation attentive des cartes dressées entre 1688 et 1724 par Claude MASSE, ingénieur du Roi, permet de constater l’existence de ce réseau situé autour de Blaye : l’on distingue très nettement une courbe partant de La Barrière, au nord de Blaye en limite sud de la Vergne, passant par Le Prat et Boisset et se terminant très vraisemblablement par Monconseil-Gazin sur les bords de l’estuaire, au sud de Plassac. Les cartes de Claude MASSE ont été admirablement reproduites dans un magnifique ouvrage que nous devons à Yannis SUIRE, conservateur du patrimoine. Cet ouvrage est disponible aux éditions La Geste, http://www.gesteditions.com/beaux-livres/autres-beaux-livres/l-estuaire-de-la-gironde-bordeaux-et-le-bordelais-vers-1700 pour la somme de 39 €.
[2] Deux GOURDON de GENOUILLAC furent gouverneurs du Château Trompette à Bordeaux aux XVIe et XVIIe siècles.